Le rap français n’avait pas besoin de ça. Après la tristement célèbre affaire Ünkut, dont la réputation du rap a été démolie par les médias, le conflit en Palestine et en Israël vient encore alimenter les petits papiers. Emmené par Booba, Kamelancien, les polémiques s’accumulent sur la planète du rap français. 

Les prises de position assassines

Booba a été le premier rappeur à se faire descendre. En publiant sur Instagram, un message invitant ses fans à plus de responsabilités dans le conflit touchant les deux pays, Booba a subit les critiques de toute part, même du côté du rap français. Kennedy en a profité pour créer son buzz, lui, rappeur qui n’a jamais réussi à se faire un nom dans le milieu. Tariq Ramadan, philosophe musulman, a été le plus virulent envers Booba. Dernier en date dans les polémiques, c’est le très discret Kamelancien, qui balance et critique les très nombreux rappeurs qui n’ont pas pris position dans cette guerre, qui aurait fait plus de 600 morts du côté palestinien. Ce dernier appuie son soutien envers les Palestiniens, tout en critiquant le régime israélien. Malheureusement pour Kamelanc’, on redoute le but marketing de faire du buzz, alors qu’il disparaît peu à peu de la surface du rap français. Heureusement, d’autres initiatives des rappeurs ont permis aux polémiques de baisser en terme de retombées, évidemment négatives pour le rap.

Rohff, Mokless, Brav’ : un soutien envers la Palestine sans polémique

Sans faire de bruit, d’autres rappeurs ont réalisé de belles actions : Rohff a appelé ses fans sur Facebook à réaliser des dons envers les victimes de la Bande de Gaza, tandis que Mokless recrute 100 rappeurs pour soutenir la Palestine. L’initiave de Brav’ reste la plus intéressante, puisqu’il a crée un livre-photo avec des clichés du pays, actuellement bombardé par les tirs israéliens ; ses bénéfices seront reversés à différents projets locaux. De l’humanitaire plutôt engagé pour ces rappeurs, qui ne cherchent absolument pas à faire la polémique, et préfèrent agir. Pour le premier cité, Rohff, il s’agit d’une opération de re-séduction après son coup de sang chez Ünkut, et son séjour en prison. Les clashs pour Rohff, c’est peut-être fini. Et c’est peut-être tant mieux pour le rap.

Les rappeurs neutres

En grande majorité, les rappeurs français n’ont pas exprimé leur avis sur ce conflit, qui dure depuis des années. Les rappeurs les plus populaires ne se sont pas laissés dans ce jeu qui peut-être dévastateur pour une carrière. C’est peut-être pour cela que les rappeurs ne s’expriment pas, voulant, à tout prix garder leur réputation et leur image. Rappelez-vous, lorsque la Sexion d’Assaut s’était exprimé sur le mariage gay et avait approuvé être « 100% homophobe » ; leur carrière et leur réputation en ont pris un coup, mais le groupe a su relancer et améliorer leur réputation dans les médias. Et bien, c’est ce que redoute les très nombreux rappeurs d’aujourd’hui. Comme dirait le rappeur Youssoupha (qu’on a toujours pas entendu sur ce sujet), « qui peut prétendre faire du rap sans prendre position ». Et bien finalement, cette citation ne marche pas en ces temps de conflit israélo-palestinien !

Le début d’un nouvel essor du rap contestataire ?

Il y a une dizaine d’années, le rap français était connu pour ses prises de position contre le racisme, contre la pauvreté dans les banlieues. Aujourd’hui, l’ego-trip a remplacé les phrases contestataires, et le business du rap devient plus important que les revendications. Bien évidemment, il reste encore de nombreux rappeurs dits contestataires, à l’image du toujours très influent, Medine… Sauf, qu’aujourd’hui, les rappeurs français veulent « entrer dans le moule » et en oublient presque leurs racines. Les chansons anti-front national ne pilule plus sur les ondes, pendant que certains rappeurs avouent même ne pas être contre le Front National, comme Kery James. Depuis l’affaire Dieudonné, le rap se cherche des revendications qui n’ont plus tellement rapport avec le rap, ni même la vie de leurs acheteurs, juste pour faire un peu de bruit dans le monde polémique du rap.