Hypesoul vous propose de découvrir en interview exclusive le groupe Flatbush ZOMBiES. De passage à Paris, le trio originaire de la fameuse rue de Brooklyn nous parle de leur musique, de leurs inspirations, d’un gamin providentiel et de Booba, le tout autour d’un canapé.  

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Pourquoi le nom « Flatbush Zombies » ?

Meechy Darko : J’ai tellement répondu à cette question…

Erick « Arc » Elliott : « Zombies », parce qu’on a commencé avec un EP nommé D.R.U.G.S., « Death Reincarnated Under God Supervision », sur la mort de toute conscience, tout en essayant d’apporter quelque chose de nouveau. Et puis, simplement, parce-qu’on est des zombies.

C’est aussi simple que ça ?

MD : Cette question est tellement difficile. On pourrait en débattre pendant des heures. Y a tellement de significations… Aujourd’hui, je pourrais te dire qu’on est des zombies parce qu’on fume à longueur de journée. Demain, je te dirai que ça signifie la renaissance de notre conscience et la mort de notre ego.

Votre son est à la fois très ténébreux et psychédélique à la fois. C’est un style qui vous définit ou c’est juste une phase de vos productions ?

EAE : Dans les combats UFC, on peut vaincre l’adversaire de plusieurs façons. Peut-être que nous n’en avons montré qu’une seule. ça peut être une victoire par K.O., une soumission…

MD : Les psychédéliques sont obligés de faire de la musique psychédélique. Ainsi sommes-nous. C’est pas comme si on se forçait à être psychédélique, notre musique est juste imprimée par qui nous sommes. Pourtant, je ne ressens pas la même atmosphère entre D.R.U.G.S et BetterOffDead personnellement. Certains la ressentent, parce que notre musique est plus vibrante que celle de n’importe qui d’autre. Du coup, les gens se disent : « Oh, c’est quoi qui sonne comme ça ? »… Notre musique est riche, même si on ne la fait pas expressément dans ce but. Pour répondre à la question, il n’est pas question qu’on se répète. Tout simplement parce que chaque jour est unique, et qu’on travaille dans le moment présent.

Vous faites partie de la « Beast Coast », vous faites des featuring avec des artistes de la East Coast… vous vous définissez exclusivement dans ces mouvements-là ?

MD : Je pense que notre son est universel ! Si on est ici [à Paris, ndlr], c’est qu’on est pas limité à la East Coast.

Mais les journalistes ont tendance à catégoriser…

MD : Ils nous compartimentent. C’est le problème, et nous, on dépasse cette limitation. On est universels. Comment peut-on vraiment qualifier du West Coast ? C’est de la musique de Lowrider ? Non, c’est quelque chose que les gens limitent. Nous, on abolit tout ça. Le son West Coast n’est pas limité, ni celui East Coast. Nous sommes la preuve vivante, aussi étrange que ça soit, qu’il n’y a pas un son particulier pour son origine, où pour là d’où l’on vient. ça me gonfle.

Zombie Juice : Arrêtez de croire que vous savez tout, et fermez-la.

Vos clips sont très travaillés, on y note beaucoup de recherche, de style… où puisez-vous votre inspiration au-delà de votre musique ?

EAE : En tant que groupe, chacun des membres a ses propres intérêts, mais on se met d’accord sur le fait d’avoir cette perception psychédélique, que ce soit à travers des films comme Orange Mécanique ou par la musique de Brian Eno, ça peut être n’importe quoi. Il n’y a pas qu’une seule source d’inspiration.

MD : L’inspiration vient de partout. Elle peut venir du temps que Zombie Juice passe avec son fils, de l’énergie qui se dégage de ce moment qu’on traduit en musique. Elle peut venir d’un film de Kubrick, en nous disant : « Il faut faire un son comme ça ». La musique doit venir du coeur, ça ne devrait pas être… toute cette science et ces folles conneries. On fait juste de la musique.

Vous semblez avoir une admiration particulière pour la marque Supreme, vous en avez même fait un son, « My Team Supreme 2.0″… vous êtes en contrat avec eux ?

MD : On a pas de deal avec la marque. Par contre, j’ai acheté des Supreme depuis que j’ai 16 ans. Et je continuerai de le faire, parce qu’ils en ont rien à foutre. Je porte ce que j’aime, parce que je l’aime. La veste que j’ai, là, je l’ai parce que je l’aime bien. Pareil pour mon T-Shirt. Pour la chanson, on l’a appelée « Supreme Team » du fait du gang du même nom de New York, il y a quelque temps. Du fait aussi d’une des lyrics de Biggie à laquelle on s’est identifiés grâce à la marque.  Encore une fois, c’est plus spontané que réfléchi. Mais, en parlant de marque, on a la notre : « Flatbush Zombies Clothing ». On a besoin de rien d’autre.

C’est la troisième fois que vous venez en France. Qu’est ce que vous pensez du lifestyle ici ?

EAE : Je suis allé dans un truc africain… Je sais pas trop ce que c’était, un bar-dance, un truc du genre. J’ai jamais bu comme ça de ma vie. Ici, les gens aiment prendre du bon temps. Les gens sont sympa, la nourriture et les boissons sont cools, l’architecture…

MD : Les femmes aussi. Les femmes… La première fois que je suis venu, je me suis perdu. On faisait du vélo et mes potes m’ont lâché. Du coup, je me suis arrêté, j’ai demandé aux gens de m’aider et j’ai vu un gamin, et il m’a aidé. Depuis ce jour, j’aime la France, j’aime Paris. Parce qu’on m’y a aidé.

C’est étrange, parce que Paris a cette réputation d’être une ville peu accueillante, ou les gens sont pas forcément polis…

MD : J’allais le dire, mais j’aime pas suivre les stéréotypes. C’est pour ça que je raconte cette histoire. Je suis tombé sur un gamin, et il m’a aidé. Si on m’a aidé, moi, à Paris, on peut vous aider aussi.

Vous connaissez ou écoutez des artistes français ?

EAE : Booba.

Et vous pensez que c’est de la qualité ou que c’est nul ? Vous avez le droit de dire ce que vous pensez vraiment…

EAE : Si je connais son nom, c’est que c’est pas nul ! J’écoute pas ce qui est nul. Et je dirais pas son nom en interview s’il était nul.

MD : Tu parles de qui ?

EAE : Booba.

MD : T’as déjà passé ça chez toi ?

EAE : Ouais, je me souviens d’avoir mis du Booba.

MD : Je fume trop, mec. Désolé Booba ! J’écouterai, promis !

Vous prévoyez des tournées, de nouveaux projets, des albums ?

MD : On veut tout faire ! Tout ce que tu viens de citer !

ZJ : Mais sans annoncer de dates précises.

MD : Ouais, pas de dates ! Parce que les gens font un blocage là-dessus… Arrêtez, le temps n’est qu’une illusion. Le prochain EP s’appelle All A Matter of Perspective, n’allez pas demander pourquoi ce nom-là… Le titre est assez explicite ! On va faire des tournées mondiales, en partageant notre amour, notre sang, notre violence, nos tripes sur toutes les scènes. On va chopper vos meufs, fumer tout ce qu’on peut… Désobéir aux règles, quoi.

 

Robin Souriau