A Paris, en ce début de juillet, les yeux étaient déjà rivés vers la rentrée. Non pas que les écoliers cherchent à tout prix à préparer leur prochaine année de scolarité : c’est plutôt la version E3 de FIFA 15 qui est au centre de tous les regards. Nous avons pu tester le jeu lors d’un hands-on qui a pu confirmer nos excellentes premières impressions du mois dernier.

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Nous avions entre les mains, il y a un mois de cela, une version présentée comme étant terminée « à 60 % ». C’est avec 20 % de plus dans l’avancement du jeu, nous dit-on, que le hands-on est organisé par Electronic Arts pour avoir un aperçu un peu plus limpide du jeu qui occupera le plus clair de nos prochaines nuits d’hiver entre amis. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’encore une fois, ce sont majoritairement les détails qui créent la fraîcheur. Mais pas seulement.

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En faire plus, sans en faire trop

Il faut bien reconnaître à EA le don de savoir avancer à petits pas sur le développement de ses FIFA. Des petits pas maîtrisés, par petites touches, par petites corrections, par petites améliorations. La next-gen ne sera donc pas exploitée de plein fouet. Ne pas s’attendre à une claque graphique, ou à une quelconque refonte drastique du moteur de jeu. Non, FIFA 15 continue sur la route de ses prédécesseurs et opte pour la révolution silencieuse. Celle dont on ne prend conscience que lorsque l’on replace la galette de l’année obsolète dans notre console, comme ça, pour voir. Khalid, invité pour l’occasion et vainqueur du triple champion du monde FIFA Bruce Grannec (1-0), nous l’a d’ailleurs concédé volontiers : « Les principales nouveautés portent sur le travail fait au niveau de l’environnement extérieur du match. On peut apercevoir les émotions des joueurs et plusieurs petits détails qui montrent que EA cherche à toujours innover pour rendre leur licence plus réaliste ».

Fondamentalement, ce FIFA 15 ne fera aucune fracture de l’œil, sauf peut-être pour ceux qui n’ont pas passé le pas de la next-gen et qui en sont restés au couple PS3 / Xbox 360. Oui, les lumières sont retravaillées, les matchs en journée bénéficient d’un meilleur contraste, les modélisations du corps des joueurs est un peu plus solide, l’herbe est impactée par les marques de crampons et de tacles des joueurs. Pourtant, si l’émotion est clairement un des leitmotiv des développeurs en travaillant des animations annexes aux mouvements et au jeu, comme les réactions des joueurs après une action ratée ou certains comportements spécifiques de supporters, sa surenchère n’est pas réellement outrancière. Ni même absolument notable, d’ailleurs. FIFA 15 reste assez solide et fidèle à ses qualités pour qu’elle soit presque naturelle, animée par les actions de jeu, soulignée par ce fourmillement de détails.

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« Park the bus » et autres nouveautés du genre

En termes de profondeur de jeu, quelques apports assez sympathiques ont vu le jour dans cet opus version 2015 de FIFA. Première différence avec les précédents volets, on ne compte désormais plus 5 mais 7 stratégies générales en cours de match. En effet, en plus des traditionnels « Ultra-défensif/Défensif/Normal/Offensif/Ultra-offensif », vous pourrez désormais choisir de « parquer le bus » derrière (en gros, faire comme Mourinho avec l’Inter ou Chelsea, avec deux lignes de 5 devant ses 18 mètres) ou de « partir à l’abordage » devant ! Le clin d’oeil est réussi, et les choix impactent véritablement sur le cours du match.

Sur coups de pied arrêtés, des changements considérables sont aussi à noter. Sur chaque touche, vous aurez à présent la possibilité de sélectionner l’un de vos joueurs présents sur le pré afin de proposer votre propre appel de balle. Il vous suffira alors d’appuyer sur la touche « passe » pour que ce dernier reçoive le ballon. Idem sur corner, où vous pourrez dès lors faire valser les défenseurs par des courses folles. D’ailleurs, EA vous offre dorénavant le choix sur chaque coup de pied de coin entre quatre tactiques (que vous ne serez bien sûr pas obligés de suivre), comme « tous devant le gardien » pour gêner le portier adverse ou encore « partir de loin » pour que vos joueurs proposent des appels de balle dignes de ce nom. Finalement, c’est le genre détail qui peut à long terme apporter une indéniable profondeur à des phases de jeu arrêtées parfois assez « aléatoires ». Par ailleurs, au niveau des menus, il a enfin été ajouté, à la fin de chaque rencontre, un raccourci qui vous permettra d’être redirigé directement au choix des équipes sans devoir repasser par les voies traditionnelles. EA semble avoir pris en considération les nombreuses plaintes de la communauté !

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Un coup violent à l’arcade

Certes, tout n’est pas en état parfait dans le meilleur des mondes. Comme à chaque lot de nouveautés au sein d’une franchise, et ceci vaut autant pour le jeu vidéo que pour le cinéma ou la littérature, les changements bouleversent des habitudes et font des malheureux, toutefois plus chipoteurs qu’indignés. De ce jeu plus construit où certains y voient un frein salvateur à un gameplay auparavant trop porté sur la vitesse pour pouvoir raisonnablement être qualifié de simulation, d’autres en soulignent la lourdeur et la relative rugosité des duels. De fait, les changements de rythme sont davantage perçants, et pour la première fois, l’accélération fait peut-être plus la différence balle au pied que la vitesse pure. La balle, plus indépendante encore des joueurs, transforme chaque contrôle en un moment de réflexion alerte pour le joueur. Un ajustement qui fait légitimement enrager sur les pertes de balle, mais qui possède l’avantage de donner un vrai rôle aux attaquants en pivot, pas à leur avantage dans les précédents opus.

La plus grande peur vient en réalité de l’état de beta du jeu. Cette version, encore perfectible dans l’équilibre de la lente métamorphose qu’elle propose sur son gameplay, on souhaite en l’avouant à demi-mots qu’elle ne se relâche pas trop. Qu’elle ne succombe pas, comme les années précédentes, à l’appel démago de tous ceux qui se plaignent de payer un jeu où rien ne change, tout en dénigrant systématiquement la moindre évolution sous le couvert d’un « c’était mieux avant » de fait paradoxal. Que nous ne fassions pas l’amère désillusion d’un gameplay final réajusté vers le spectaculaire à tout prix. EA a tout à gagner à se placer sur le terrain de la simulation exigeante, surtout quand PES guette chaque faux pas de la proie FIFA, quitte à rendre sa prise en main un peu plus corsée. La compagnie américaine possède un vivier de joueurs acquis à sa cause, prêts à suivre ce mouvement. Pour cause : la quasi-totalité des individus présents au hands-on, journalistes comme invités, répondaient à la question « Etes-vous prêts à investir sur ce prochain FIFA 15 ? » par un constat simple : difficile de séparer d’une série qui a déjà fait toutes ses preuves. Ce ne sont pas les maigres simagrées qui éclipseront le fait qu’indéniablement, tous ont pris du plaisir à visionner leurs buts au ralenti et à râler sur une penalty concédé à la dernière minute du temps additionnel. Rien d’inquiétant, donc.

Robin Souriau & Raphaël Copin