Direction le sud des Etats-Unis pour notre troisième épisode de Rap Story. La ville d’Atlanta est celle de la Dungeon Family, de l’émergence de la trap et de la culture des strip-clubs. Nouvel étendard du rap mondial, la cité géorgienne possède une histoire du hip-hop atypique. Nous vous proposons de découvrir quelques moments forts de cette épopée à travers cinq lieux emblématiques.

Le Stankonia Studio

En 1998, le Sud commence à peine sa domination sur le rap américain et Outkast sort son troisième opus nommé Aquemini. Fort d’un succès qui leur vaudra un double disque de platine, le duo empoche un bon pactole et rachète le studio de Bobby Brown, célèbre compositeur du film S.O.S Fantômes. Toujours dans une phase d’expérimentation, Big Boi et Andre 3000 décident de nommer leur studio Stankonia et se préparent à livrer un nouvel album. Ce nom plutôt particulier relève d’un vent de liberté pour Outkast. Enfin indépendant, le duo travaille en effet leur créativité jour et nuit, sans avoir à prendre en compte le payement requis d’une session d’enregistrement.

Ce studio voit donc naître le légendaire album Stankonia, comportant des hits planétaires comme « Ms Jackson », « So Fresh So Clean » ou « B.O.B. ». Façonné par les Organized Noise, le son si particulier du duo est alors poussé au maximum. Ce n’est plus la douceur de Atliens, ni l’excentricité de Aquemini mais bien Stankonia. La neo-soul fit un bon en avant et bon nombre de légendes d’Atlanta passeront ensuite enregistrer à Stankonia (Future,Killer Mike,…). Un endroit à visiter coûte que coûte si vous êtes de passage en Géorgie ! 

Stankonia, un classique du rap américain

Magic City

L’endroit le plus célèbre et le plus influent du hip-hop sudiste est un club de strip-tease. Mais pourquoi donc ? Fondé par Michael Barney en 1985, Magic City est situé dans le nord d’Atlanta. C’est un gigantesque complexe où plus de 150 danseuses travaillent toute l’année. Fréquenté par des légendes comme Tupac, Michael Jordan ou encore Biggie, le club s’est fait une réputation nationale durant les années 90. C’est à partir de l’ère trap des années 2010 que Magic City va prendre une autre ampleur. Un certain Young Jeezy va en effet obtenir du succès grâce à ses morceaux « testés » dans le club. Il sortira même un morceau nommé “Magic City Monday”.

Future sera ensuite propulsé par le club en 2013 et son DJ et grand ami Esco sera également employé de Magic City pour plusieurs années. Les Migos ainsi que Young Thug auront également leur ère de gloire grâce à l’influence du lieu. Depuis, le club continue de tourner les disques en profitant des nouvelles têtes d’affiches telles que Lil Baby, Gunna ou Sahbabii. 

Deux légendes d’Atlanta pour une ode à Magic City.

Le Trap Music Museum

Fondé en 2018 par le légendaire T.I, le musée de la Trap est un haut lieu de pèlerinage pour tout fan de rap américain. Logé dans une maison en bois, rappelant évidemment les trap house, ce musée est une ode à la culture hip-hop sudiste. On retrouve ainsi des pièces de vie communes des trappeurs : la cuisine à crack, une droguerie et une armurerie… Le musée est surtout remarquable par ses œuvres telles que la cadillac rose, une référence à l’album de 2 Chainz Pretty Girl Like Trap Musik. Il y a aussi un miroir gigantesque formant les lettres Trap Muzik et des photos grandeur nature des légendes de la Trap allant de Gucci Mane à Mozzy. Rencontrant aujourd’hui un succès, le musée s’est aussi étendu à Miami en 2020, autre ville importante de la trap. Une bonne initiative de T.I, toujours présent dans le business depuis les années 90. 

T.I vous fait ici visiter son musée

The Blue Flame Lounge

Situé à l’extrémité ouest d’Atlanta, ce club de strip-tease fondé en 1983 est comme Magic City un haut lieu du hip-hop géorgien. Ce club est bien plus “Trap” que Magic City. En effet, c’est là-bas que les morceaux plus “underground” de la ville sont joués avec une ambiance bien plus sombre évidemment. Des rappeurs comme Travis Porter ou Pop Lord ont vu grandir leur notoriété en ce lieu.

Travis Porter, un des fameux rappeurs du Blue Flame

“The Dungeon”

Le lieu le plus emblématique du hip-hop Géorgien. Rico Wade, Sleepy Brown et Ray Murray fondent Organized Noise au début des années 90. Ils ne savent alors pas que leur pâte musicale touchera le monde entier. Sans argent ni studio, les trois amis établissent leur plan sous la maison de la mère de Rico Wade. Situé à Lakewood Heights, ce lieu lugubre et mal isolé est rapidement devenu un squat fréquenté par des génies de la musique. Rempli de machines musicales, de tags et de barjots musicaux, le donjon devient un lieu fraternel où la weed est consommée à son summum. C’est dans les entrailles du sous-sol que Andre 3000, Big Boi et les Goodie Mob innoveront ensuite dans la musique.

Livrés à elle-même, la dungeon family accomplira ses premiers exploits dans ce sous-sol avec les classiques Southernplayalisticadillacmuzik de OutKast et Dirty South de Goodie Mob. Années après années, la dungeon family attirera de nouveaux phénomènes comme Future, Killer Mike ou encore le groupe Konkrete. Une institution éternelle d’Atlanta. 

« Cell Therapy », un classique du rap d’Atlanta