25 ans, tel est le temps passé sans voir naître un second opus de doe or die. Sans défaitisme, il est aujourd’hui réaliste de dire que le projet a peut de chance de sortir. Réunir des légendes telles que Nas ou encore Pete Rock semble loin pour le rappeur de NYC. Mais quell frémissement pourrait apporter cet album en fin de compte ? Revoir des icônes sur leur pied de guerre aurait-il la même saveur ? La nostalgie ne trompe pas et l’exemple de doe or die en est la représentation. Comme un bon vin en bouche, le premier album studio de AZ s’écoute à travers les années comme un monument du rap. Retour vers 1995 pour se pencher sur l’un des artefacts les plus précieux de New York.

AZ, un homme essentiel à la culture HIP-HOP.

Quand on évoque les légendes New-Yorkaises. On cite souvent Nas en oubliant malencontreusement AZ. Souvent ignoré par les fans notamment avec le groupe The Firm, AZ s’est démené pour pondre des classiques comme Doe or Die.  Le rappeur peut se targuer de faire parties des plus grands mc’s de l’histoire. Sa première apparition musical marquera notamment les esprits.”Life’s a Bitch”, morceau emblématique présent sur Illmatic de Nas, voit en effet AZ prendre le mic d’une façon inoubliable.  Une voix d’adolescent agrémentée par une technique sans pareille, rempli de métaphores et de contre pied avec l’instrumentale. Une phrase résume la mentalité du rappeur, déjà tourné vers l’avenir. 

“And my mentality is money-orientated”

« Life’s A Bicth » Nas feat AZ

La suite sera plus ou moins bénéfique pour le rappeur. Doe or Die, bien accueilli parla presse connaîtra des chiffres mitigées par rapport à son attente. L’album finira par obtenir un disque d’or, mérité. Le succès du projet se fera principalement par des singles plus rnb, ce qui conduira à une nouvelle ligne directrice pour le deuxième album de AZ : Pieces of a Man. Tourné vers un public plus large, le projet atteindra la 5ème place du billboard r&b.

Tout s’enchaîne ensuite avec un retour aux racines rap sur AZiatic en 2005, comportant le morceau “The Essence” avec Nas. AZ ouvre ensuite son propre label en 2007 appelé Quiet Money Record. Pour l’occasion, l’album The format voit le jour avec des participations des rappeurs du labels tel que M.O.P et Little Brother.  Depuis les apparitions de AZ se font rare. Il annonce en 2009 la suite de Doe or die 2 et envoie un premier extrait en 2012. Le média Américain Bet consacre ensuite un documentaire sur Doe or Die et donne l’espoir d’un deuxième volet. Malheureusement, l’album reste toujours invisible à nos yeux. Plongeons nous maintenant sur l’original et toutes ses particularités.  

Le sentiment de la survie

Ce qui est frappant à l‘écoute de Doe or Die relève premièrement d’un instinct primaire humain : la survie. Au moment ou AZ enregistre son projet, sa mère (qui l’a élevée seul) est en grave difficulté financière. L’artiste donne alors un véritable sentiment de hargne à travers son album. Il connaît sa mission et est prêt à l’accomplir. Tout d’abord s’extirper de la rue. AZ parle d’une jungle, hanté par des policiers violents et rongé par le trafic de cocaïne.  L’espoir y est rare et chaque membre de son quartier fait de son mieux pour sortir de ce cauchemar réel.

“Fuck Police and no remorse for the beasts”

Uncut Raw AZ

En creusant un peu plus dans les paroles de l’interprète, on découvre une haine contre le système. L’auteur parle de complot et d’inégalités sociales, d’un état qui possède tout sans donner aux autres. Le morceau “Can’t Win” propose notamment une esthétique très pessimiste et révolutionnaire. Dénonçant le capitalisme et les injustices, AZ se montre comme un net successeur à Public Enemy.

“These secret societies is maneuvering within society to control society”

Can’t Win AZ

La partie très sombre du projet vient ensuite avec “Mo Money, Mo Murder” en featuring avec Nas. Un morceau qui s’indigne devant le pouvoir de l’argent. La survie rime avec le cash et AZ en est conscient. Sa vision du monde lui donne un recul. Un recul qui se laisse cependant envoûter par tous les péchés du monde moderne.

Pimp lines and dollar signs

New-York est une ville mondiale, ou des millions de personnes survivent chaque jour en croyant au rêve Américain. Une fois atteint, ce dernier fait accéder au monde de la fête, aux plaisirs nocturnes. AZ décrit avec attention ce nouvel univers qu’il découvre grâce à son petit succès. 

“Golden-American Visa Charge-card, holdin’, I’m rollin”

Gimme Yours AZ

Le morceau le plus populaire de l’album dit “Sugar Hill” prend ensuite à contre pied les thématiques d’injustice et de souffrance évoqués. AZ idéalise en effet dans ce morceau une vie de mafieux qu’il prendrait à sa sortie de prison. On y découvre une vie rempli de femmes, de voyages et de champagne délicat. Utopique évidemment mais raconté d’une façon sulfureuse. 

“Suburban places got me seeking for oasis, Cristal by the cases, Ladies of all races with dime faces”

Sugar Hill AZ

On voit par ces moments une finalité à la survie. C’est par la “grande vie” que veut s’échapper AZ. Agit ou meurt prend l’accent de la richesse, au delà de l’existence.

L’apogée de la production New-Yorkaise. 

Ce sont des légendes de la métropole Américaine qui participent à Doe or Die. De Pete Rock (producteur de “Juicy” de Biggie) à Buckwild(“Put It On” de Big L), le studio Electric Lady fut rempli de talents. On recense deux ambiances majeurs à travers l’album. La première est concerné par une ambiance sombre et “crade”, typique de NYC grâce a notamment Havoc de Mobb Deep. Des morceaux comme “Mo Money Mo Murder” et “Gimme Yours” s’imprègnent d’instruments Européens tel la Harpe et le violon. Cette approche donne un accent sérieux et dramatique, une des bases de la musique classique.

Le fait surprenant aux niveaux des productions vient finalement par son affiliation au G-Funk et à un son jazzy de la New Orleans. Institué principalement par le label Bad Boy à NYC, ces mélodies du Sud et de l’Ouest sont d’un parfait accord avec la voix aigu du rappeur. “Doe or Die”, morceau éponyme reprend une structure propre au groupe mythique de L.A Above The law. C’est à dire un tempo lent lié aux sonorités des synthétiseurs de l’époque (ARP 2600, Juno-106), caractérisé par son irrésistible son aigu et réverbérant. Le morceau “Sugar Hill” est lui visionnaire en ramenant un son très commercial uniquement composé de basses et  de snairs très rythmées. L’aube du son “Pharell” est en Marche. Un album donc plutôt varié dans ses choix instrumentales malgré peut être une facilité dans les productions dites “New Yorkaises”. 

Doe or Die a bien vieilli et reste un des meilleurs albums de 1995, année charnière du Hip-Hop. Malheureusement pour les Artistes de The Firm, ce n’est que le début de la fin d’un âge d’or prolifique. L’horizon d’une musique Sudiste se dégage petit à petit…