Depuis 2019, Instagram a vu naître une rude compétition entre rappeurs au sein du compte 1minute2rap. Le but du jeu : réaliser le meilleur freestyle en termes d’originalité et de kickage avec à la clé une importante visibilité. Une chance pour des villes peu exposées comme Périgueux, qui est alors devenue un vivier de techniciens aggueris. On a alors découvert un certain Joysad et surtout Daryl, jeune rappeur à l’univers décalé que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.

Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Daryl, j’ai 24 ans et je viens de Périgueux. J’ai débarqué dans le rap pour tout niquer et j’essaye maintenant de faire mes preuves. Il n’y a rien d’autre que la musique dans la vie, et je vis actuellement à Paris afin de me consacrer à ma carrière.

Peux-tu nous parler de tes débuts dans le rap? De tes styles d’écoutes?

J’ai écouté un peu près tous les styles de musiques dans ma vie. Je fais du rap depuis quelques temps mais au début c’était plus dans l’idée de se trouver une passion. Un jour, je suis tombé sur un compte Instagram du nom de 1minute2rap et je me suis lancé tout simplement. Maintenant je suis sur une bonne lancée et j’ai tout à prouver.

Crédit photo : Acyle Koussa
Tu viens de Périgueux, une ville peu commune en tant que provenance pour un rappeur. De quelle façon est installé le rap là-bas?

Quand Joysad, un ami à moi à commencé à exploser sur les réseaux sociaux, ça m’a beaucoup motivé à freestyler. Ainsi toute la ville (qui compte environ 30,000 habitants) s’est mise à rapper et aujourd’hui cette petite scène locale présente un certain niveau en termes de rap. Je pense que toutes les villes mineures comme Périgueux sont dans la même situation. Il suffit juste qu’un mec arrive avec son délire et obtienne son petit succès pour ensuite développer le potentiel de la ville.

Pour ma part il était tant que je tourne la page avec Périgueux. C’est pourquoi je me suis implanté à Paris pour mieux gérer ma carrière. Pourtant cette ville a été mon tremplin pour le rap. J’ai beaucoup changé de lieu durant ma vie; je suis passé par Toulouse, Strasbourg mais c’est dans cette petite ville que ma carrière à réellement commencé. Maintenant je suis à Paris avec mon équipe, je suis focus et je reste optimiste sur la suite.

L’autre rappeur de ta ville, Joysad prend beaucoup de visibilité sur Internet actuellement. Une collaboration serait-elle envisageable ? 

Je pense qu’il faudrait qu’on se démarche, ce n’est pas impossible en tout cas. Il est très occupé en ce moment tout comme je le suis donc pour le moment cela est peu envisageable. A l’avenir cependant, un morceau spécial « Périgueux » serait vraiment cool à sortir. Pour le moment je suis néanmoins dans une autre optique.

Crédit photo : Acyle Koussa
1minute2Rap est un compte Instagram qui t’a permis d’acquérir une visibilité importante sur les réseaux. Comment as-tu réussi à te démarquer d’une concurrence très nombreuse ?

J’ai toujours eu l’envie de me démarquer, peu importe le moment. Je ne sais pas si c’est un complexe d’infériorité mais en tout cas cela paye aujourd’hui. Je me suis dit « je ne porterai jamais la même veste que les autres » par exemple et je ferai mon propre délire et voilà où j’en suis. Le moment qui a été très important a été le mois d’avril 2019 où la récompense donné au meilleur freestyleur mensuelle de 1minute2rap était une place dans « La relève » de Deezer. A ce moment là je n’ai plus rigolé, j’ai tout fait pour gagner.

Sur 1minute2rap il faut souvent mettre en scène son freestyle pour se démarquer. J’étais livreur de pizza à cette époque et mon boss m’a proposé de faire ce freestyle au sein de la pizzeria même ! J’avais donc une mise en scène très originale, et j’ai finis cinquième au premier tour. Puis j’ai remporter la compétition en retournant au source dans ma chambre avec un freestyle très « énervé ». Les gens ont bien kiffé et Deezer m’a finalement choisi comme gagnant.

Tu as donc fais partie du casting de “La Relève” saison 3 organisé par Deezer. As- tu ressenti une pression particulière en tant que jeune espoir du rap français ? 

Non absolument pas. En arrivant là-bas j’avais l’impression de faire un « fuck » à tout le monde, d’être le vilain petit canard. J’ai grandi avec 1minute2rap que j’ai connu lorsque le compte avait mille abonnés. Maintenant, quasiment un million d’abonnés complètent la chaîne et c’est une fierté pour moi d’avoir remporté cette compétition et d’avoir intégré « La Relève ».

Ce qui m’a frappé lorsque je t’ai découvert sur Instagram c’est ton univers décalé, qui prend à contrepied ce qu’on voit habituellement sur des comptes comme 1minute2Rap. Comment arrives-tu à créer toutes ces mises en scènes pour tes freestyles ?

Je suis un rageux de base, vraiment un gros rageux. Il y a toujours des comportements de gens qui m’énerve. Cela m’inspire des mises en scènes comme celle du petit de 16 ans qui s’invente des problèmes, un de mes derniers freestyles. Je trouve qu’on ne peut plus rien dire dans notre société aujourd’hui. Il y a des nouveaux mots qui sortent de nulle part comme « grosophobe », les gens se cherchent toujours des problèmes et des excuses. J’ai donc mes idées et j’essaye d’en faire quelque chose de taquin au travers de mes freestyles. C’est ma façon de dire « fuck » à ces gens là qui me permet de relâcher la pression.

Tu me fais beaucoup penser à Vald et à son morceau « Autiste« , où ce dernier dépeint un cliché de personnage de façon provoquante.

Je le prends très bien (rires). C’est vrai que j’essaye de ne pas me cantonner à des styles déprimants, où la vie n’est que triste. Je veux parler de vrais sujets, des gens casses-couilles en général. Je ne suis pas dans la politique, ni dans l’amour, je suis plus dans le social. J’aime avoir un regard sur la société. Si je n’avais pas été rappeur, j’aurais été sociologue ! C’est ma passion d’observer le comportement des gens, de regarder la façon dont ils changent, et c’est le rap qui me permet d’extérioriser tout cela.

Crédit photo : Acyle Koussa
Dans tes morceaux, à l’image du freestyle Racaille et du freestyle Baltringue, on voit une certaine bipolarité dans tes textes. Est-ce que ces deux personnalités sont vraiment ce qui te caractérise ?

Oui. Je me suis senti racaille à de nombreux moments dans ma vie, c’était des instants de bagarres et de clashs. Mais il y a aussi des moments où je me suis senti comme une grosse baltringue même si cela est moins arrivé. Aujourd’hui j’ai tranché et je pense que je suis du côté racaille et non du côté baltringue. En tout cas, il est certain que chaque humain a un moment dans sa vie où il se réveille et se sent « racaille ».

Qu’est ce qu’une racaille pour toi ?

Pour moi c’est un mec, qui même sans parler impose le respect. La racaille il ne se bat pas, les gens le craignent.

Qu’est ce qu’une baltringue pour toi?

La baltringue c’est le mec qui baisse la tête dans la rue, qui se demande toujours ce que vont penser les gens de lui, qui se justifie constamment.

Tu fais souvent preuve de punchlines marrantes dans tes morceaux et tu prônes une vie de “branleur”. Mais es-tu réellement fainéant dans ton quotidien ?

Je pense que je suis un « faux fainéant ». L’image qu’on a de moi sur internet est celle d’un branleur certes, mais représenter ce style de vie est tout un travail. Pour avoir cette image j’ai donc « charbonner » en quelque sorte. Un vrai branleur on ne le voit pas sur les réseaux, tout simplement. Moi je me branle mais tu me vois le faire, c’est là la différence.

Dans ton dernier freestyle, une phase m’a marqué. Il s’agit de “ma plus grosse disquette, c’est de dire que Daryl n’est qu’un personnage”. Ta musique reflète-t-elle vraiment ton état d’esprit ? Cette disquette, tu l’utilises vraiment?

Daryl c’est moi mais dans mes côtés les plus sombres. Je pense qu’il faut aller loin dans ma tête pour le trouver. Il faut me connaître vraiment pour te rendre compte que je ne suis pas qu’un personnage. Et c’est une bonne disquette pour les meufs.

Crédit photo : Acyle Koussa
Pour l’instant tu ne comptes aucune collaboration avec d’autres rappeurs. Est-ce que certains feat. arrivent prochainement ?  

Non, pour l’instant je me concentre sur ma carrière. Je n’aime pas les featurings mais j’y reste ouvert pour le futur. En tant qu’auditeur, il y a toujours un couplet que je préfère dans les collabs, donc je zappe l’autre. Pour l’instant je me muscle, les featurings on verra après.

As-tu un projet en préparation ?

Oui, je taffe un projet à fond avec mon équipe. Le projet devrait arriver vers janvier ou février prochain, à part cela je ne peux pas t’en dire plus. Ce sera plus racaille que baltringue en tout cas.

C’est quoi ton objectif à atteindre en 2021?

Tout niquer, même à partir de demain ! Je sors des trucs toutes les semaines et je sais pourquoi je le fais : pour quitter cette vie normale. Je veux pouvoir dire un jour que la galère me manque, c’est tout le malheur que je me souhaite.

Retrouvez les morceaux de Daryl sur toutes les plateformes de streaming et Youtube.

Malo.H