L’attente fut longue mais elle en valait la peine ! Arrivés dans la ligue en 1977, les Denver Nuggets ont soulevé pour la première fois le trophée Larry O’Brien après être venu à bout en 5 matchs du Miami Heat. Un titre amplement mérité pour une équipe bien souvent mise de coté par les médias au profit de plus grands marchés. Aujourd’hui, la franchise du Colorado fait taire tous ses détracteurs après une saison régulière et des playoffs presque irréprochables, malgré un effectif sur le papier bien moins impressionnant que ses nombreux concurrents. Retour sur un sacre aussi mérité qu’inattendu.

Paris audacieux et exploits de la jeunesse : la genèse d’un champion

Composée essentiellement de joueurs relativement jeunes, l’équipe des Nuggets a d’abord connu plusieurs échecs avant de gagner en expérience et de connaitre la réussite.

Arrivée dans la ligue à la fin des années 70, la franchise de Denver n’a jamais vraiment connu le succès. En trente-huit participations aux playoffs, elle n’avait jamais atteint le stade des finales. Aucune autre équipe, tout sport US confondu, ne fait pire ! Même si les Nuggets ont traversé quelques bonnes périodes, comme dans les années 90 avec Dikembe Mutumbo, ou au milieu des années 2000 avec Carmelo Anthony, cette équipe n’a jamais attiré les grands noms au moment des périodes de transfert. C’est donc sur la draft que cette équipe à construit ses bases, dénichant souvent des jeunes talentueux, même avec des choix tardifs.

Denver sélectionnera Nikola Jokic avec le 41ème choix de la draft 2014, Jamal Murray avec le 7ème choix de la draft en 2016 ou encore Michael Porter Jr, 14ème choix de la draft 2018. Du coté du banc, la franchise du Colorado confie les rênes de l’équipe dès 2015 à Michael Malone. Un pari osé car la tacticien sortait d’une première expérience en temps que coach principal infructueuse avec les Kings, qui l’avaient remercié après un peu plus d’un an au sein de la franchise et un bilan assez médiocre.

3 mai 2019 : au terme d’un match interminable face à Portland, Denver s’incline 140-137 après quatre prolongations et voit son aventure en playoffs prendre fin quelques jours plus tard.

Après trois premières saisons sans playoffs, l’équipe des rocheuses retrouve la postseason en 2019, pour ne plus la quitter. Les Nuggets montrent déjà tout leur potentiel en éliminant au premier tour les Spurs 4-3 avant de livrer une bataille féroce face aux Blazers en demi-finale de conférence. La série sera essentiellement marquée par un match 3 à sens unique, qui verra les deux équipes se départager après quatre prolongations ! Malheureusement, c’est la franchise de l’Oregon qui repartira avec la victoire pour l’emporter finalement 4-3.

L’année suivante encore, Denver va jouer les troubles fêtes dans la bulle d’Orlando en réalisant du jamais vu. L’aventure avait pourtant bien mal commencé puisque trois des quatre premiers matchs seront remportés par le Jazz au premier tour. Les Nuggets vont pourtant réussir à inverser la tendance pour finalement l’emporter, devenant alors la douzième équipe à sortir vainqueur d’une série après avoir été mené 3-1. Un exploit rare que Denver va tout simplement reproduire… dès le tour suivant. La franchise du Colorado récidive en effet face aux Clippers, pourtant largement favoris, et deviennent ainsi la toute première équipe à réaliser un tel exploit deux fois dans une même campagne de playoffs. L’épopée prendra fin en finale de conférence, malgré une belle résistance face aux Lakers, futur champions, 4-2.

Mais l’important est ailleurs car à la sortie de la bulle, cette jeune équipe aura marqué les esprits et déjà montré un potentiel très prometteur. De quoi envisager de belles choses….si les blessures les laisse tranquilles.

Jokic en leader face à une avalanche de blessures

Il est impossible de parler du succès de cette franchise sans évoquer son leader : Nikola Jokic. On parle ici d’un joueur à l’image de son équipe. Très talentueux et humble, pas vraiment spectaculaire et souvent oublié des médias. Natif de Serbie, rien de le disposait à devenir un visage de la grande ligue. En surpoids et lent, il n’avait clairement pas le profil des intérieurs NBA, musclés et athlétiques. Il va cependant tirer son épingle du jeu avec une qualité de passe et un QI basket très rares pour son poste. C’est ainsi que celui que l’Amérique surnomme aujourd’hui le Joker se présentera à la draft 2014 où il sera seulement sélectionné en…41ème position.

Anecdote improbable : il n’existe aucune image de sa draft car la NBA avait lancé une page de pub au moment de sa sélection ! Personne n’attend rien de cet intérieur serbe rondelet, mais ce dernier va très vite faire déjouer les pronostics. Saison après saison, il s’affirme comme l’un des meilleurs joueurs de son équipe et décroche même une première sélection pour le All Star Game en 2019. Devenu une des références à son poste, Jokic va passer un cap durant la saison 2020-2021 en s’affirmant comme un candidat très sérieux pour le MVP.

Les Nuggets sont ambitieux et veulent monter haut très vite….mais voient vite leurs rêves partir en fumé. En avril, Jamal Murray se rompt les ligaments croisés, l’obligeant à rater la fin de saison ainsi que l’intégralité de la saison suivante. Un gros coup dur qui met du plomb dans l’aile au projet de la franchise. C’était sans compter sur Nikola Jokic qui va enchaîner les grandes performances et maintenir l’équipe sur de bons rails. Une belle fin de saison qui lui vaudra le très prestigieux trophée de Most Valuable Player 2021. Il devient ainsi le troisième européen à remporter cette prestigieuse distinction après Dirk Nowitzki et Giannis Antetokounmpo. Cela ne suffira malheureusement pas en postseason, où l’équipe des rocheuses s’inclinera sèchement 4-0 face à Phoenix en demi-finale de conférence.

Brisé dans son élan….Le 13 avril 2021, Jamal Murray se rompt les ligaments croisés du genou gauche à la fin d’une rencontre face aux Warriors. Une grave blessure qui l’obligera à rester éloigné des parquets durant 539 jours.

Sans Jamal Murray, difficile de savoir quoi attendre de ces Nuggets au début de la saison 2021-2022, d’autant plus qu’ils perdent après seulement neuf matchs Michael Porter Jr. Opéré du dos, ce dernier manquera également l’intégralité de la saison. Avec deux de ces trois meilleurs joueurs sur la touche, l’équipe semble promise à une saison difficile… mais se retrouve une nouvelle fois maintenue à flot par Nikola Jokic. Malgré l’absence de ses deux lieutenants, le Joker réalise une nouvelle saison monstrueuse. La franchise termine finalement sixième de la conférence Ouest et retourne contre toute attente en playoffs, malgré une infirmerie bien remplie. Un exploit qui vaudra pour la deuxième saison consécutive à Nikola Jokic le trophée de MVP. Malheureusement, l’équipe s’effondre encore en postseason et sort dès le premier tour face aux Warriors 4-1.

Les Nuggets au grand complet : cap vers le titre !

La saison 2022-2023 marque le retour de Jamal Murray et de Michael Porter Jr dans l’effectif. L’équipe s’est également renforcée entretemps avec les arrivées de roleplayers et de vétérans tel qu’Aaron Gordon, Kentavious Caldwel-Pope, Bruce Brown ou encore Deandre Jordan. Autour d’un Nikola Jokic au sommet de son art, les Nuggets n’ont désormais plus qu’un objectif : aller chercher le titre !

Très vite, Denver s’affirme comme l’équipe à battre. La franchise s’empare de la première place de sa conférence pour ne plus la lâcher. Infatigables, les hommes de Michael Malone terminent avec un bilan de 53 victoires pour 29 défaites. Personne ne fait mieux à l’Ouest, ce qui leur donne l’assurance d’avoir l’avantage du terrain durant toute la durée des playoffs. Un avantage qui peu s’avérer précieux pour cette équipe puisque la ville culmine à 1600 mètres d’altitude, donnant d’après certains un avantage aux locaux. Quand au Joker, il manque de peu un triplé historique pour le trophée de MVP. Longtemps devant, il est finalement devancé par Joel Embiid. Une seconde place injuste au yeux de beaucoup tant le serbe avait encore marqué les esprits en terminant quasiment la saison en triple-double de moyenne. Quand on l’interroge sur le sujet, l’intéressé affirme ne pas s’en préoccuper du tout. Lui et toute son équipe sont désormais focalisés sur un seul objectif : la fin de saison.

Le premier tour n’est qu’une formalité face aux Timberwolves. Malgré quelques passages à vide, Denver l’emporte 4-1 et retrouve les demis-finales de conférence. L’obstacle est cette fois-ci bien plus élevé puisqu’il s’agit des Phoenix Suns, un des grands favoris au titre, emmenés par le redoutable trio Chris Paul-Devin Booker-Kevin Durant. Le choc attendu tourne à l’avantage des Nuggets qui jouent leur jeu sans fausses notes tandis que la franchise de l’Arizona souffre, notamment en raison de la blessure de Chris Paul au Game 2. Nikola Jokic ridiculise tous ses adversaires dans le secteur intérieur, et malgré une petite réaction des Suns, ce sont bien les coloradiens qui repartent avec la victoire finale 4-2.

Aux portes des finales, le dernier adversaire à se dresser devant eux ne sont autres que les Lakers de LeBron James. A 38 ans, le King a montré qu’il avait encore de la ressource et a autour de lui une équipe qui surfe sur une excellente dynamique depuis plusieurs mois. Mais même le récent meilleur marqueur de l’histoire de la ligue est obligé de s’incliner face à cette équipe qui ne laisse aucun répit à ses adversaires. Les angelinos ne parviendront meme pas à remporter le moindre match. Victoire nette et sans bavure 4-0. Denver est en finale !

LeBron James ne peu que constater les dégâts….
Nikola Jokic est logiquement élu MVP des finales de la conférence Ouest avec
près de 28 points, 14 rebonds et 12 passes de moyenne

Une finale inattendue qui tient toutes ses promesses

Pour la première participation aux Finals de l’histoire de la franchise, les Denver Nuggets feront face à la très surprenante équipe du Miami Heat. Les floridiens viennent alors de réaliser l’une des plus grande épopée en playoffs de ces dernières années, en sortant les Bucks, les Knicks et les Cetlics, après avoir terminé huitième de la conférence est et dû passer par le play-in. Un véritable exploit puisqu’il s’agit seulement de la deuxième équipe à atteindre la finale après avoir terminé avec un aussi mauvais bilan en saison régulière. Seul New York en 1999 était parvenu à en faire autant. Redoutable défensivement, le Heat peu s’avérer redoutable dans sa capacité à ne jamais lâcher, d’autant que le danger peu provenir de n’importe où offensivement. Sur le papier, Denver est (pour une fois) favoris mais risque de vivre sa série la plus difficile.

Le match 1 montre pourtant toute l’assurance et le talent que possède cette équipe avec une large victoire à domicile, suivie d’une piqûre de rappel au match 2 qui se solde par une courte défaite. La série en est donc à 1-1 lorsque les Nuggets débarquent à Miami pour jouer les matchs 3 et 4 : difficile de faire plus disputé ! Le suspens va cependant vite disparaître. La défaite du match précédent a fait passer un dernier cap à la franchise du Colorado qui ne se laissera plus piéger de toute la série. Le Heat est sans solution face à une équipe qui ne commet désormais plus aucune erreur et un Nikola Jokic au sommet. Denver fait le break et rentre dans les Rocheuses en menant 3-1. Inutile alors de faire durer le suspens plus longtemps. Dans la Mile High City et devant ses fans, les joueurs déroulent une dernière fois pour s’offrir une quatrième victoire synonyme de titre !

Après 46 saisons dans la ligue, les Denver Nuggets sont enfin champions pour la première fois de leur histoire ! Souvent peu mis en avant par les médias et loin d’être favoris en début de saison, ils auront su faire taire leurs détracteurs pour se concentrer sur leur jeu et s’affirmer comme la meilleure équipe de cette incroyable saison 2022-2023.

Exceptionnel durant toute la durée des playoffs, Nikola Jokic a quant à lui logiquement été élu MVP des finales. Un titre individuel auquel il a semblé, comme souvent, ne pas accorder beaucoup d’importance. Il confiera le lendemain de la victoire avoir égaré son trophée dans le vestiaire, lorsqu’il fêtait le titre avec ses coéquipiers. Un joueur spécial… jusqu’au bout.

La soixante-seizième saison NBA a donc livré son verdict et nous aura offert un beau nouveau champion. Un titre logique pour une équipe des Nuggets qui aura été de loin l’équipe avec le meilleur niveau de jeu durant toute la postseason. Une chose est sûr, ce jeune effectif ne va pas s’arrêter là et a encore soif de titres. Michael Malone l’a crié haut et fort :  » On n’en a pas assez ! On veux encore être là la saison prochaine !  » Rendez-vous en 2024 !