La Californie est réputée pour son atmosphère surréaliste. Entre villes titanesques et banlieues dangereuses, le rap game est toujours aussi sauvage. Un groupe de Los Angeles a décidé de rugir en 2017. Depuis, la West Coast a changé de règle. Son nom ? Shoreline Mafia évidemment. Parmi ses fondateurs, un certain OhGeesy. Homme providentiel, le rappeur a fini de jouer. 2021 est à lui et on vous explique pourquoi.

Le fondateur

100% Mexicain par ses parents, Alejandro Coranza de son vrai nom est un pure Californien depuis l’enfance. Fan de première heure de Gucci Mane et 50 Cent, le rappeur est dès son plus jeune âge bercé par le rap. C’est dans un environnement dangereux que grandit le garçon. Son père, en prison pendant 10 ans, laisse OhGeesy seul avec sa mère jusqu’à ses 15 ans. Le rappeur passe donc sa jeunesse dans le skate, le graffiti et se débrouille grâce à la vente de drogues et d’alcool. C’est par ses passions “Hip-Hop” qu’il rencontre alors Fenix Flexing. Les deux compères s’allient en 2012 et balancent leurs premiers morceaux sur SoundCloud. En 2014, Rob Vicious et Master Kato rejoignent les deux rappeurs, la Shoreline Mafia est née. Le nom Shoreline renvoie aux vagues californiennes, à une musique Wavy donc. 

OhGeesy, une histoire par un groupe

Le déluge tombe donc à partir de 2017 sur L.A. Shoreline Mafia sort alors leur première Mixtape nommée Shoreline Do That Shit. Ce projet sera coordonné par des Skits d’une journaliste qui avait consacré un sujet sur la Lean, en les citant à de nombreuses reprises de façon à les attaquer. C’est bien cela l’essence de la Shoreline, n’en avoir rien à foutre. Ils obtiennent ainsi leur premiers succès avec des titres comme “Musty” et “Nun Major« , et un public se forme autour du groupe. S’enchaînent alors interviews et festivals dont le Rolling Loud où OhGeesy performera comme un démon. En 2018, Shoreline obtient un contrat avec Atlantic Record. Ces derniers honorent alors leur signature en sortant la mixtape Traplantic ou l’on retrouve le titre “Bands”, certifié platine. 

Lancé dans le grand océan du Mainstream, Shoreline est ensuite très productif entre 2018 et 2019 avec deux EP nommés Party Pack et une mixtape OTXmas. Un nouveau membre intègre le groupe cette année, un certain Mac P. Ce dernier est tragiquement assassiné l’année d’après. Shoreline lui rend alors hommage dans leur premier album nommé Mafia Bidness en honorant son tag sur la cover. Ce premier album est calibré pour les charts avec les présences de Future et Lil Yachty. Le projet, très attendu, est cependant moins authentique musicalement que ses homologues. C’est peut-être la meilleure transition pour expliquer la séparation du groupe. Dans une interview pour No Jumper en 2020, Ohgeesy y explique que les alchimies musicales des différents membres du groupe sont trop opposées. Cela marque la fin de la Shoreline. Les cartes sont maintenant dans les mains du rappeur qui ne devrait pas tarder à sortir son premier projet solo. 

Le cerveau de la Shoreline Mafia

La Shoreline a été la quintessence de toute la nouvelle scène de la West Coast avec Drakeo The Ruler, 03 Greedo et Philthy Rich. Pour expliquer cela, on peut d’abord citer que les membres du groupe tirent leur inspiration de tout le continent. Alors que la plupart des artistes de la West coast ne trahissent pas la tradition G-Funk, la Mafia s’oriente vers un style musical qui lui est propre. On retrouve l’influence de 50 Cent dans son côté gangsta, son excentricité musicale par sa passion de Organized Konfusion et son addiction aux drogues par Lil Wayne. Shoreline allie donc drum californien, cloud rap et une esthétique rappelant un certain Curren$y pour un rendu totalement dingue. Bien que chaque rappeur du groupe dispose de talent comme Fenix, OhGeesy se démarque sur différents points. 

A la tête de la plupart des refrains du groupe, le rappeur à une voix nonchalante procurant paradoxalement de nombreuses émotions. Sur “Nun Major”, il nous décrit un coucher de soleil à coup de weed et autres opiacés. Il déchaîne nos corps sur “Bands” et “Musty” avec des refrains saccadés, et nous rend même nostalgiques sur “Change Ya Life”. Ses couplets marquent également les esprits avec une prestance hors norme. Sur “Pressure”, il dégage une atmosphère nocturne inouïe, tout en rentrant dans le morceau avec une progression du BPM. Il se démarque également grâce à son image avec son style de skateur et son visage enfantin terriblement charismatique. Il nous prouve son talent aussi en solo, avec de grands succès comme “Heavy”. On remarque donc que le rappeur se détache facilement de son groupe, tout en proposant un son fidèle à lui-même. Sa carrière solitaire s’avère très prometteuse. 

The New Godfather

Ainsi OhGeesy remplit tous les archétypes d’une future pointure du Rap US. Il apporte une polyvalence sous tous ses critères. Il s’adapte à plusieurs types de prods et est capable d’ambiancer tout en reposant notre esprit. Son dernier titre nommé “Bandemic” en est la preuve. Autrement que par la musique, le rappeur propose un large choix de merchandising coloré s’inspirant de légendes comme Mac Dre.

Son point faible (ou point fort) vient cependant dans ses lyrics, trop répétitifs en citant constamment ses addictions à la drogue et au sexe. D’un autre côté, ses paroles sans prise de tête alliées à ses flows sont assez efficaces pour tourner dans tous les clubs américains. 

A l’aube de la sortie de son premier projet, OhGeesy est déjà un artiste très respectable de la West Coast. Son potentiel et sa musique wavy et planante sont des preuves qu’il peut aller plus loin (en restant fidèle au son Shoreline, on l’espère !). 

Malo.H